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Lyncéus

festival#10

 

 

Il y a dix ans, le Lyncéus Festival voyait le jour. Un brin chétif mais plein d’appétit, un peu timide mais déjà téméraire, il découvrait au milieu de ses balbutiements que faire du théâtre en extérieur, c’était une aventure hors-normes et qu’il lui faudrait plus d’une tentative pour en faire le tour. Aujourd’hui qu’il sait à peu près lire, à peu près compter et qu’il commence même à douter de l’existence du Père-Noël, Lyncéus se rend bien compte qu’il ne fera jamais le tour de la question. Mais c’est l’occasion pour lui – donc pour nous – de marquer une petite pause et de regarder en arrière. On ne se voit pas grandir. On le constate toujours après coup. On se découvre un jour une famille autour de soi, des liens, des affections, des habitudes, des départs aussi, des ruptures parfois. Mais surtout ça : on a grandi ensemble. Dans la ville, au milieu de celles et ceux qui l’habitent. On a joué ensemble, échangé ensemble et on se dit qu’un peu de nous est passé dans la ville et que beaucoup de la ville est passé en nous. Bien sûr, on n’arrivait pas vierge. Personne ne vient seul. Même nouveaux-nés, on colportait déjà notre lot de passé, de mémoire, de coutumes, de culture. C’était la même chose en face, il y avait une histoire, un terreau, une tradition, un vieux contrat entre généalogie et géologie. Bref, tous ces sacs que nous portons et qui racontent un peu de qui nous sommes. Nous pouvons les vider, les poser, les alléger ou les alourdir, mais dans lesquels, quoi qu’il arrive, on finit toujours par retrouver des objets communs ou des souvenirs à partager. Ces sacs, une question les ouvre : d’où venons-nous ? Et puis les questions viennent en cascade. De qui sommes-nous le fruit ? À quoi succédons-nous ? Qu’avons-nous reçu ? On interroge ses parents, on fouille son ascendance, on explore le sol à la recherche de racines. C’est une archéologie hasardeuse et surprenante. Tout proche, bien sûr, il y a la famille, le sang. Du rouge comme de l’amour et commeles tragédies. Mais parfois, c’est vide. Il faut chercher ailleurs. On élargit l’investigation. C’est alors qu’on découvre des foules, semblables et dissemblables,prises avec nous dans la cavalcade des générations, coupables et victimes confondues, comprimées comme nous entre le poids des siècles et l’urgence du futur…

 

C’est comme un grand miroir. On s’y mire ou on le brise. Mais en fin de compte, on finit toujours par s’en détourner. On s’en détourne et on regarde dans l’autre sens. Vertige. Les questions s’inversent. Où allons-nous ? Qui nous succèdera ? Que laisserons-nous ?… Alors essayons d’y répondre encore, d’y répondre ensemble, contre vents et marées, sans angoisse et sans défaitisme. Plus insolent et enthousiaste que jamais, Lyncéus a dix ans. Et en 2024, il part à l’assaut des HÉRITAGES.

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